Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/197

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mort… moi seul je puis, à cette heure…

Rodin n’acheva pas, il porta brusquement ses deux mains à son front avec un cri de douleur étouffée.

— Qu’avez-vous ? dit le père d’Aigrigny ; depuis quelques instants… vous pâlissez d’une manière effrayante.

— Je ne sais ce que j’ai, dit Rodin d’une voix altérée ; ma douleur de tête augmente, une sorte de vertige m’a un instant étourdi.

— Asseyez-vous, dit la princesse avec intérêt.

— Prenez quelque chose, ajouta l’évêque.

— Ce ne sera rien, reprit Rodin en faisant un effort sur lui-même ; je ne suis pas douillet, Dieu merci !… J’ai peu dormi cette nuit… c’est de la fatigue ;… rien de plus. Je disais donc que moi seul pouvais à cette heure diriger cette affaire… mais non l’exécuter… Il me faut disparaître… mais veiller incessamment dans l’ombre, d’où je tiendrai tous les fils, que moi seul… puis… faire agir…, ajouta Rodin d’une voix oppressée.

— Mon très-cher père, dit le cardinal avec inquiétude, je vous assure que vous êtes assez gravement indisposé… Votre pâleur devient livide.

— C’est possible, répondit courageusement