Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/207

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en clouait tant, et tant, que, par intervalles, les cloueurs s’arrêtaient fatigués.

Alors, éclataient toutes sortes de cris de douleur, de gémissements plaintifs, d’imprécations désespérées. C’étaient ceux à qui les hommes gris et noirs avaient pris quelqu’un pour remplir les bières.

On remplissait donc incessamment des bières et on les clouait jour et nuit, plutôt le jour que la nuit, car, dès le crépuscule, à défaut des corbillards insuffisants, arrivait une lugubre file de voitures mortuaires improvisées : tombereaux, charrettes, tapissières, fiacres, haquets, venaient servir au funèbre transport ; à l’encontre des autres qui, dans les rues, entraient pleines et sortaient vides, ces dernières entraient vides et bientôt sortaient pleines.

Pendant ce temps-là les vitres des maisons s’illuminaient, et souvent les lumières brûlaient jusqu’au jour. C’était la saison des bals ; ces clartés ressemblaient assez aux rayonnements lumineux des folles nuits de fête, si ce n’est que les cierges remplaçaient les bougies, et la psalmodie des prières des morts le joyeux bourdonnement du bal ; puis dans les rues, au lieu des bouffonneries transparentes de l’enseigne des costumiers pour les mascarades, se balançaient de loin en loin de grandes lanternes d’un rouge