Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/208

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de sang portant ces mots en lettres noires :

Secours aux cholériques.

Où il y avait véritablement fête… pendant la nuit, c’était aux cimetières… Ils se débauchaient…

Eux, toujours si mornes, si muets, à ces heures nocturnes, heures silencieuses où l’on entend le léger frissonnement des cyprès agités par la brise…

Eux, qui ne s’égayaient un peu qu’aux pâles rayons de la lune jouant sur le marbre des tombes…

Eux, si solitaires que nul pas humain n’osait pendant la nuit troubler leur silence funèbre… ils étaient tout à coup devenus animés, bruyants, tapageurs et brillants de lumières.

À la lueur fumeuse des torches qui jetaient de grandes clartés rougeâtres sur les sapins noirs et sur les pierres blanches des sépulcres, bon nombre de fossoyeurs fossoyaient allègrement en fredonnant. Ce dangereux et rude métier se payait alors presque à prix d’or ; on avait tant besoin de ces bonnes gens, qu’il fallait, après tout, les ménager ; s’ils buvaient souvent, ils buvaient beaucoup ; s’ils chantaient toujours, ils chantaient fort, et ce, pour entretenir leurs forces et leur bonne humeur, puissant auxiliaire d’un tel travail. Si quelques-uns ne