Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/212

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Bientôt ces cris : Mort aux médecins !… Vengeance ! arrivèrent jusqu’aux deux hommes embusqués sous l’arcade.

— Les placards font leur effet, dit l’un ; le feu est aux poudres… Une fois la populace en délire… on la lancera sur qui l’on voudra.

— Dis donc, reprit l’autre homme, regarde là-bas… cet Hercule dont la taille gigantesque domine toute cette canaille. Est-ce que ce n’était pas un des plus enragés meneurs lors de la destruction de la fabrique de M. Hardy ?

— Pardieu, oui… Je le reconnais ; partout où il y a un mauvais coup à faire, on retrouve ce gredin-là.

— Maintenant, crois-moi, ne restons pas sous cette arcade, dit l’autre homme, il y fait un vent glacé, et quoique je sois matelassé de flanelle…

— Tu as raison, le choléra est brutal en diable. D’ailleurs, tout se prépare bien de ce côté ; on assure aussi que l’émeute républicaine va soulever en masse le faubourg Saint-Antoine ; chaud, chaud, ça nous sert, et la sainte cause de la religion triomphera de l’impiété révolutionnaire… Allons rejoindre le père d’Aigrigny.

— Où le trouverons-nous ?

— Ici près, viens… viens.