ment, ni terreur, dans les effrayants tableaux dont ils étaient entourés à chaque instant ; insoucieux d’une vie qu’ils disputaient chaque jour à la faim ou aux tentations du crime, ils bravaient le fléau avec une audace infernale ou ils succombaient le blasphème à la bouche.
La haute stature du carrier dominait les groupes ; l’œil sanglant, les traits enflammés, il vociférait de toutes ses forces :
— Mort aux carabins !… ils empoisonnent le peuple.
— C’est plus aisé que de le nourrir, ajoutait Ciboule.
Puis s’adressant à un vieillard agonisant, que deux hommes, perçant à grand’peine cette foule compacte, apportaient sur une chaise, la mégère reprit :
— N’entre donc pas là-dedans, eh ! moribond ; crève ici au grand air, au lieu de crever dans cette caverne, où tu seras empoisonné comme un vieux rat.
— Oui, ajouta le carrier, après, on te jettera à l’eau pour régaler les ablettes dont tu ne mangeras pas encore…
À ces atroces plaisanteries, le vieillard roula des yeux égarés et fit entendre de sourds gémissements ; Ciboule voulut arrêter la marche des porteurs, et ils ne se débarrassèrent qu’à grand’-