Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/214

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vulsifs d’un agonisant écartaient le drap, qui laissait voir une face cadavéreuse.

Au lieu d’épouvanter les misérables rassemblés devant l’hospice, de pareils spectacles devenaient pour eux le signal de plaisanteries de cannibales, ou de prédictions atroces sur le sort de ces malheureux une fois au pouvoir des médecins.

Le carrier et Ciboule, accompagnés d’un bon nombre de leurs acolytes, se trouvaient mêlés à la populace.

Ensuite du désastre de la fabrique de M. Hardy, le carrier, solennellement chassé du compagnonnage par les loups, qui n’avaient voulu conserver aucune solidarité avec ce misérable ; le carrier, disons-nous, se plongeant depuis lors dans la plus basse crapule et spéculant sur sa force herculéenne, s’était établi, moyennant salaire, le défenseur officieux de Ciboule et de ses pareilles.

Sauf quelques passants amenés par hasard sur le parvis Notre-Dame, la foule déguenillée dont il était couvert se composait donc du rebut de la population de Paris, misérables non moins à plaindre qu’à blâmer, car la misère, l’ignorance et le délaissement engendrent fatalement le vice et le crime. Pour ces sauvages de la civilisation, il n’y avait ni pitié, ni enseigne-