Au lieu des deux traiteurs qui existent aujourd’hui de chaque côté de la rue d’Arcole, il n’y en avait alors qu’un seul, situé à gauche de l’arcade, et fort renommé dans le joyeux monde des étudiants pour l’excellence de ses vins et pour sa cuisine provençale.
Au premier bruit des fanfares sonnées par des piqueurs en livrée précédant la mascarade, les fenêtres du grand salon du restaurant s’ouvrirent, et plusieurs garçons, la serviette sous le bras, se penchèrent aux croisées, impatients de voir l’arrivée des singuliers convives qu’ils attendaient.
Enfin, le grotesque cortège parut au milieu d’une clameur immense.
La mascarade se composait d’un quadrige escorté d’hommes et de femmes à cheval ; cavaliers et amazones portaient des costumes de fantaisie à la fois élégants et riches ; la plupart de ces masques appartenaient à la classe moyenne et aisée.
Le bruit avait couru qu’une mascarade s’organisait afin de narguer le choléra, et de remonter, par cette joyeuse démonstration, le moral de la population effrayée ; aussitôt artistes, jeunes gens du monde, étudiants, commis, etc., etc., répondirent à cet appel, et quoique jusqu’alors inconnus les uns aux autres, ils fraternisèrent