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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/230

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longue barbe jaune qui retombait sur le devant de sa robe, écartelée de couleurs tranchantes, Morok avait parfaitement la physionomie de son rôle. De temps à autre, d’un air parfaitement narquois, il agitait aux yeux du bonhomme Choléra un grand sac rempli de jetons bruyants, sur lequel étaient peintes toutes sortes de cartes à jouer. Certaine gêne dans le mouvement de son bras droit annonçait que le dompteur se ressentait encore un peu de la blessure que lui avait faite la panthère noire avant d’être éventrée par Djalma.

La Folie, symbolisant le rire, venait à son tour secouer classiquement sa marotte à grelots sonores et dorés aux oreilles du bonhomme Choléra ; la Folie était une jolie fille, alerte et preste, portant sur ses beaux cheveux noirs un bonnet phrygien couleur écarlate ; elle remplaçait auprès de Couche-tout-Nu la pauvre reine Bacchanal, qui n’eût pas manqué à une fête pareille, elle si vaillante et si gaie, elle qui, naguère encore, avait fait partie d’une mascarade d’une portée peut-être moins philosophique, mais aussi amusante.

Une autre jolie créature, mademoiselle Modeste Bornichoux, qui posait le torse chez un peintre en renom (un des cavaliers du cortége), représentait l’Amour et le représentait à mer-