Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gaillardis ; grâce à toi, ô complaisant fléau ! ils voient centupler leurs chances de liberté.

— Et les héritiers donc : quelle reconnaissance ! Un refroidissement, un zest… un rien… et crac, en une heure, voilà un oncle ou un collatéral passé à l’état de bienfaiteur vénéré.

— Et les gens qui ont le tic d’en vouloir toujours aux places des autres ! quel fameux compère ils vont trouver dans le choléra !

— Et comme ça va rendre vrais bien des serments de constance ! dit sentimentalement mademoiselle Modeste ; combien de gredins ont juré à une douce et faible femme de l’aimer pour la vie, et qui ne s’attendaient pas, les Bédouins ! à être aussi fidèles à leur parole !

— Messieurs, s’écria Nini-Moulin, puisque nous voilà peut-être à la veille de la fin du monde, comme dit le célèbre peintre que voici, je propose de jouer au monde renversé : je demande que ces dames nous agacent, qu’elles nous provoquent, qu’elles nous lutinent, qu’elles nous dérobent des baisers, qu’elles prennent toutes sortes de licences avec nous ; et à la rigueur, ma foi, tant pis !… on n’en meurt pas ; à la rigueur, je demande qu’elles nous insultent ; oui, je déclare que je me laisse insulter, que j’invite à m’insulter… Ainsi donc, l’Amour, vous pouvez me favoriser de l’insulte la plus