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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/248

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se peut, à rendre immédiatement sourd le réclamant. Telles sont du moins, ajouta modestement le rapin, telles sont du moins les relations étrangères que j’ai toujours vu pratiquer entre puissances plafonitrophes.

Ce néologisme un peu risqué fut accueilli par des rires et des bravos universels.

Pendant ce tumulte, Morok interrogea un des garçons, reçut sa réponse et s’écria d’une voix perçante qui domina le tapage :

— Je demande la parole.

— Accordé…, cria-t-on gaiement.

Pendant le silence qui suivit l’allocution de Morok, le bruit s’entendit de nouveau : il était cette fois plus précipité.

— Le locataire est innocent, dit Morok avec un sourire sinistre ; il est incapable de s’opposer en rien aux élans de notre joie.

— Alors, pourquoi frappe-t-il là-haut comme un sourd ? dit Nini-Moulin en vidant son verre.

— Comme un sourd qui a perdu son bâton ? ajouta le rapin.

— Ce n’est pas le locataire qui frappe, dit Morok de sa voix tranchante et brève, c’est sa bière que l’on cloue…

Un brusque et morne silence suivit ces paroles.

— Sa bière… non… je me trompe, reprit