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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/250

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remplacer cette animation, cette gaieté, plus factices que sincères.

Le moment était décisif. Il fallait à l’instant même frapper un grand coup, remonter l’esprit des convives qui commençaient à se démoraliser ; car plusieurs jolies figures pâlissaient déjà, quelques oreilles écarlates devenaient subitement blanches ; celles de Nini-Moulin étaient du nombre.

Couche-tout-Nu, au contraire, redoublait d’audace et d’entrain ; redressant sa taille voûtée par l’épuisement, le visage légèrement coloré, il s’écria :

— Eh bien, garçon ! et ces bouteilles d’eau-de-vie ? mordieu ! et ce punch ! Par le diable ! est-ce donc aux morts à faire trembler les vivants ?

— Il a raison, arrière la tristesse ! oui, oui, le punch ! crièrent plusieurs convives qui sentaient le besoin de se rassurer.

— En avant le punch !…

— Nargue le chagrin !…

— Vive la joie !

— Messieurs, voilà le punch, dit un garçon en ouvrant la porte.

À la vue du flamboyant breuvage qui devait ranimer les esprits affaiblis, des bravos frénétiques se firent entendre.