Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/259

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— Jacques… c’est moi… Céphyse… Je te retrouve… Ce n’est pas ma faute si je t’ai abandonné… Pardonne-moi…

— Malheureuse ! s’écria Morok irrité de cette rencontre peut-être funeste à ses projets, vous voulez donc le tuer ;… dans l’état où il se trouve, ce saisissement lui sera fatal ;… retirez-vous.

Et il prit rudement Céphyse par le bras, pendant que Jacques, semblant sortir d’un rêve pénible, commençait à distinguer ce qui se passait autour de lui.

— Vous… c’est vous ! s’écria la reine Bacchanal avec stupeur, en reconnaissant Morok, vous qui m’avez séparé de Jacques…

Elle s’interrompit, car le regard voilé de Couche-tout-Nu, s’arrêtant sur elle, avait paru se ranimer.

— Céphyse… c’est toi ?… murmura Jacques.

— Oui, c’est moi… ajouta-t-elle d’une voix profondément émue, c’est moi… je viens… je vais te dire…

Elle ne put continuer, joignit ses deux mains avec force, et sur son visage pâle, défait, inondé de larmes, on put lire l’étonnement désespéré que lui causait l’altération mortelle des traits de Jacques.

Il comprit la cause de cette surprise, en con-