Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/260

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templant à son tour la figure souffrante et amaigrie de Céphyse ; il lui dit :

— Pauvre fille… tu as donc eu aussi bien du chagrin… bien de la misère… je ne te reconnais pas… non plus… moi.

— Oui, dit Céphyse, bien du chagrin… bien de la misère… et pis que de la misère, ajouta-t-elle en frémissant, pendant qu’une vive rougeur colorait ses traits pâles.

— Pis que la misère !… dit Jacques étonné.

— Mais c’est toi… c’est toi… qui as souffert…, se hâta de dire Céphyse sans répondre à son amant.

— Moi… tout à l’heure, j’étais en train d’en finir… Tu m’as appelé… Je suis revenu pour un instant, car… ce que je ressens là (et il mit la main à sa poitrine) ne pardonne pas. Mais c’est égal… maintenant… je t’ai vue… je mourrai content.

— Tu ne mourras pas,… Jacques… me voici…

— Écoute, ma fille… j’aurais là, vois-tu… dans l’estomac… un boisseau de charbons ardents, que ça ne me brûlerait pas davantage… Voilà plus d’un mois que je me sens consumer à petit feu. Du reste, c’est monsieur… (et d’un signe de tête il désigna Morok), c’est ce cher ami… qui s’est toujours chargé d’attiser le