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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/262

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Ce disant, Couche-tout-Nu éclata d’un rire strident qui glaça l’auditoire, de plus en plus ému de cette scène.

— Mon garçon, dit froidement Morok, écoute-moi, suis mon conseil et…

— Merci… je les connais, tes conseils… et, au lieu de t’écouter… j’aime mieux parler à ma pauvre Céphyse ;… avant de descendre chez les taupes, je lui dirai… ce que j’ai sur le cœur.

— Jacques, tais-toi, tu ne sais pas le mal que tu me fais, reprit Céphyse, je te dis que tu ne mourras pas.

— Alors, ma brave Céphyse… c’est à toi que je devrai mon salut, dit Jacques d’un ton grave et pénétré qui surprit profondément les spectateurs. Oui, reprit Couche-tout-Nu, lorsque, revenu à moi… je t’ai vue si pauvrement vêtue… j’ai senti quelque chose de bon au cœur ; sais-tu pourquoi ?… c’est que je me suis dit : « Pauvre fille !… elle m’a tenu courageusement parole, elle a mieux aimé travailler, souffrir, se priver… que de prendre un autre amant qui lui aurait donné… ce que je lui ai donné, moi… tant que je l’ai pu ;… » et cette pensée-là, vois-tu… Céphyse, m’a rafraîchi l’âme… j’en avais besoin… car je brûlais… et je brûle encore, ajouta-t-il les poings crispés par la douleur ; enfin, j’ai été heureux, ça m’a fait du