Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/266

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Puis il ajouta avec un sourire navrant et amer :

— Heureusement… j’ai mon compte ;… je savais… bien… ce que je faisais… en acceptant… le duel… au cognac…

— Non… tu ne mourras pas, et tu m’entendras, s’écria Céphyse d’un air égaré, tu m’entendras… et tout le monde aussi m’entendra ;… on verra… si c’est de ma faute. N’est-ce pas… messieurs… si je mérite pitié… vous prierez Jacques de me pardonner ?… car enfin… si, poussée par la misère… ne trouvant pas de travail, j’ai été forcée de me vendre… non pour du luxe, vous voyez mes haillons… mais pour avoir du pain et procurer un abri à ma pauvre sœur malade… mourante, et encore plus misérable que moi… il y aurait pourtant à cause de cela de quoi avoir pitié de moi… car on dirait que c’est pour son plaisir qu’on se vend ! s’écria la malheureuse avec un éclat de rire effrayant.

Puis elle ajouta d’une voix basse avec un frémissement d’horreur :

— Oh ! si tu savais… Jacques… cela est si infâme, si horrible, vois-tu, de se vendre ainsi… que j’ai mieux aimé la mort que de recommencer une seconde fois. J’allais me tuer… quand j’ai appris que tu étais ici.