Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/265

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Le premier mouvement de Jacques fut terrible ; malgré son accablement et sa faiblesse, il parvint à se lever debout ; alors, le visage contracté par la rage et par le désespoir, il saisit un couteau avant qu’on eût pu s’y opposer, et le leva sur Céphyse.

Mais au moment de la frapper, reculant devant un meurtre, il jeta le couteau loin de lui, et retomba défaillant sur son siège, la figure cachée entre ses deux mains.

Au cri de Nini-Moulin qui s’était, tardivement, précipité sur Jacques pour lui enlever le couteau, Céphyse releva la tête ; le douloureux abattement de Couche-tout-Nu lui brisa le cœur ; elle se releva, et se jetant à son cou, malgré sa résistance, elle s’écria d’une voix entrecoupée de sanglots :

— Jacques… si tu savais… mon Dieu !… si tu savais… écoute… ne me condamne pas sans m’entendre… je vais te dire tout… je te le jure, tout… sans mentir… cet homme (elle montra Morok) n’osera pas nier… il est venu… il m’a dit : « Ayez le courage de… »

— Je ne te fais pas de reproches… je n’en ai pas le droit… laisse-moi mourir en repos… je… ne demande plus que ça… maintenant, dit Jacques d’une voix de plus en plus affaiblie en repoussant Céphyse.