Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/274

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Le géant, déjà fort irrité des injures dont il ignorait le véritable sens, fut exaspéré par cette brusque attaque ; cédant à sa brutalité naturelle, il renversa son adversaire sur le comptoir et l’assomma à coups de poing.

Pendant cette collision, plusieurs bouteilles et deux ou trois carreaux furent brisés avec fracas, tandis que la cabaretière, de plus en plus effrayée, criait de toutes ses forces :

— Au secours !… à l’empoisonneur !… à l’assassin !… à la garde !…

Au bruit retentissant des vitres cassées, à ces cris de détresse, les passants attroupés, dont un grand nombre croyaient aux empoisonneurs, se précipitèrent dans la boutique pour aider les buveurs à s’emparer de Goliath. Grâce à sa force herculéenne, celui-ci, après quelques moments de lutte contre sept ou huit personnes, terrassa deux des assaillants les plus furieux, écarta les autres, se rapprocha du comptoir, et, prenant un élan vigoureux, se rua, le front baissé, comme un taureau de combat, sur la foule qui obstruait la porte ; puis, achevant cette trouée en s’aidant de ses énormes épaules et de ses bras d’athlète, il se fraya un passage à travers l’attroupement, et prit sa course à toutes jambes du côté du parvis Notre-Dame, ses vêtements déchirés,