Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/334

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— Ce sont eux au contraire qui maintenant nous envieront, car leur bel ostensoir d’or massif, dont ils étaient si fiers, ne vaut pas la moitié de celui que notre loterie nous donnera, puisque le nôtre est non-seulement plus grand, mais encore couvert de pierres précieuses.

Cette intéressante conversation fut malheureusement interrompue. Cela était si touchant ! Ces prêtres d’une religion toute de pauvreté et d’humilité, de modestie et de charité, recourant aux jeux de hasard prohibés par la loi, et tendant la main au public pour parer leurs autels avec un luxe révoltant, pendant que des milliers de leurs frères meurent de faim et de misère, à la porte de leurs éblouissantes chapelles, misérables rivalités de reliques qui n’ont pas d’autre cause qu’un vulgaire et bas sentiment d’envie ; on ne lutte pas à qui secourra plus de pauvres, mais à qui étalera plus de richesses sur la table de l’autel[1].

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  1. Ces lignes étaient écrites, lorsqu’il est venu à notre connaissance sinon un fait, du moins une espérance dont nous nous réjouissons avec tous les gens de cœur. Il s’agit de la loterie destinée à la reconstruction de l’orgue de Saint-Eustache, loterie qui, à cette heure, occupe tout Paris, et dont un ignoble agiotage s’est emparé.

    Une personne parfaitement informée nous assure que