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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/338

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noirs et louches paraissait encore plus charbonné que de coutume.

S’arrêtant un instant, il regarda autour de lui presque avec crainte, et à plusieurs reprises aspira fortement la senteur d’un flacon anticholérique ; puis, se voyant seul, il s’approcha d’une glace placée sur la cheminée, et, à plusieurs reprises, observa très-attentivement la couleur de sa langue ; après quelques minutes de ce consciencieux examen, dont il parut du reste assez satisfait, il prit dans une bonbonnière d’or quelques pastilles préservatrices, qu’il laissa fondre dans sa bouche en fermant les yeux avec componction.

Ces précautions sanitaires prises, collant de nouveau son flacon à son nez, le prélat se préparait à entrer dans la pièce voisine, lorsque, entendant à travers la mince cloison qui l’en séparait un bruit assez violent, il s’arrêta pour écouter, car tout ce qui se disait dans l’appartement voisin arrivait très-facilement à son oreille.

— Me voici pansé… je veux me lever, disait une voix faible, mais brève et impérieuse.

— Vous n’y songez pas, mon révérend père, répondit une voix plus forte, c’est impossible.

— Vous allez voir si cela est impossible, reprit l’autre voix.