Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/339

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— Mais, mon révérend père… vous vous tuerez… vous êtes hors d’état de vous lever… c’est vous exposer à une rechute mortelle ;… je n’y consentirai pas…

À ces mots succéda de nouveau le bruit d’une faible lutte mêlée de quelques gémissements plus irrités que plaintifs, et la voix reprit :

— Non, non, mon père, et pour plus de sûreté je ne laisserai pas vos habits à votre portée… Voici bientôt l’heure de votre potion, je vais aller vous la préparer.

Et presque aussitôt une porte s’ouvrant, le prélat vit entrer un homme de vingt-cinq ans environ, portant sous son bras une vieille redingote olive et un pantalon noir non moins râpé qu’il jeta sur une chaise.

Ce personnage était M. Ange-Modeste Rousselet, premier élève du docteur Baleinier ; la physionomie du jeune praticien était humble, douceâtre et réservée ; ses cheveux, presque ras sur le devant, flottaient derrière son cou ; il fit un léger mouvement de surprise à la vue du cardinal et le salua profondément à deux reprises sans lever les yeux sur lui.

— Avant toute chose, dit le prélat avec son accent italien très-prononcé, et en se tenant sous le nez son flacon de camphre, les symptômes cholériques sont-ils revenus ?