Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/341

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n’a pas encore pu quitter son lit depuis trois jours.

— Je me suis informé de lui en montant, reprit le prélat, et je le verrai tout à l’heure. Mais, pour en revenir au père Rodin, a-t-on fait avertir son confesseur, puisqu’il est dans un état presque désespéré, et qu’il doit subir une opération si grave ?

— M. Baleinier lui en a touché deux mots, ainsi que des derniers sacrements ; mais le père Rodin s’est écrié avec irritation qu’on ne lui laissait pas un moment de repos, qu’on le harcelait sans cesse, qu’il avait autant que personne souci de son âme, et que…

Per Bacco !… il ne s’agit pas de lui ! dit le cardinal en interrompant par cette exclamation païenne M. Ange-Modeste Rousselet, et en élevant sa voix, déjà très-aiguë et très-criarde ; il ne s’agit pas de lui, il s’agit de l’intérêt de sa compagnie. Il est indispensable que le révérend père reçoive les sacrements avec la plus éclatante solennité, et qu’il fasse non-seulement une fin chrétienne, mais une fin d’un effet retentissant… Il faut que tous les gens de cette maison, des étrangers même, soient conviés à ce spectacle, afin que sa mort édifiante produise une excellente sensation.

— C’est ce que le révérend père Grison et le