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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/344

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dites-moi, depuis ma dernière visite, le révérend père a-t-il eu de nouveaux accès de délire ?

— Oui, monseigneur, cette nuit il a déliré pendant une heure et demie au moins.

— Avez-vous, ainsi qu’il vous l’a été recommandé, continué de tenir une note exacte de toutes les paroles qui ont échappé au malade pendant ce nouvel accès ?

— Oui, monseigneur ; voici cette note, ainsi que Votre Éminence me l’a commandée.

Ce disant, M. Ange-Modeste Rousselet prit dans le casier une note qu’il remit au prélat.

Nous rappelons au lecteur que cette partie de l’entretien de M. Rousselet et du cardinal ayant été tenue hors de portée de la cloison, Rodin n’avait pu rien entendre, tandis que la conversation relative à l’embaumement présumé avait pu parfaitement parvenir jusqu’à lui.

Le cardinal, ayant reçu la note de M. Rousselet, la prit avec une expression de vive curiosité. Après l’avoir parcourue, il froissa le papier et il se dit sans dissimuler son dépit :

— Toujours des mots incohérents… pas deux paroles dont on puisse tirer une induction raisonnable ;… on croirait vraiment que cet homme a le pouvoir de se posséder même pendant son délire, et de n’extravaguer qu’à propos de choses insignifiantes.