Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/359

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Quoiqu’il n’eût pas entendu l’exclamation de Malipieri, quoiqu’il n’eût pas remarqué l’expression glorieuse de sa physionomie, Rodin, malgré sa faiblesse, comprit la grave imprudence de son premier mouvement trop significatif… Il passa lentement sa main sur son front comme s’il eût éprouvé une sorte de vertige ; puis il jeta autour de lui des regards confus, effarés, en portant à ses lèvres tremblantes son vieux mouchoir à tabac, qu’il mordit machinalement pendant quelques secondes.

— Votre vive émotion, votre effroi, me confirment, hélas ! la triste découverte que j’ai faite, reprit le cardinal de plus en plus triomphant du succès de sa ruse, et se voyant sur le point de pénétrer enfin un secret si important ; aussi maintenant, mon très-cher père, ajouta-t-il, vous comprendrez qu’il est pour vous d’un intérêt capital d’entrer dans les plus minutieux détails sur vos projets et sur vos complices à Rome ; de la sorte, mon cher père, vous pouvez espérer en l’indulgence du saint-siège, surtout si vos aveux sont assez explicites, assez circonstanciés, pour remplir quelques lacunes, d’ailleurs inévitables, dans une révélation faite durant l’ardeur d’un délire fiévreux.

Rodin, revenu de sa première émotion, s’a-