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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/358

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Mais celui-ci, toujours tourné vers la ruelle, ne parut pas l’avoir entendu et resta muet.

— Vous réfléchissez sans doute à mes paroles, mon cher père, reprit le cardinal. Vous avez raison, car il s’agit d’un fait bien grave ; oui, je vous le répète, la Providence a permis que, pendant votre délire, votre parole trahît vos pensées les plus secrètes, en me révélant, heureusement à moi seul… des choses qui vous compromettent de la manière la plus grave… Bref, pendant vos accès de délire de cette nuit, qui a duré près de deux heures, vous avez dévoilé le but caché de vos intrigues à Rome avec plusieurs membres du sacré collège.

Et le cardinal, se levant doucement, allait se pencher sur le lit afin d’épier l’expression de la physionomie de Rodin…

Celui-ci ne lui en donna pas le temps.

Ainsi qu’un cadavre soumis à l’action de la pile voltaïque se meut par soubresauts brusques et étranges, ainsi Rodin bondit dans son lit, se retourna et se redressa droit sur son séant en entendant les derniers mots du prélat.

— Il s’est trahi…, dit le cardinal à voix basse et en italien.

Puis, se rasseyant brusquement, il attacha sur le jésuite des yeux étincelants d’une joie triomphante.