Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/367

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— Il perd connaissance, s’écria le père d’Aigrigny avec inquiétude en se penchant vers Rodin. C’est ma faute, j’ai oublié que le docteur m’avait défendu de l’entretenir d’affaires sérieuses.

— Non… non… ne vous reprochez rien, dit Rodin à voix basse, en se relevant à demi sur son séant, afin de rassurer le révérend père. Cette joie si inattendue causera… peut-être… ma guérison ; oui… je ne sais ce que j’éprouve ;… mais tenez, regardez mes joues ; il me semble que, pour la première fois depuis que je suis cloué sur ce lit de misère, elles se colorent un peu ;… j’y sens presque de la chaleur.

Rodin disait vrai.

Une moite et légère rougeur se répandit tout à coup sur ses joues livides et glacées ; sa voix même, quoique toujours bien faible, devint moins chevrotante, et il s’écria avec un accent de conviction si exalté, que le père d’Aigrigny et le prélat en tressaillirent :

— Ce premier succès répond à d’autres ;… je lis dans l’avenir ;… oui, oui…, ajouta Rodin d’un air de plus en plus inspiré, notre cause triomphera ;… tous les membres de l’exécrable famille Rennepont seront écrasés, et cela avant peu ;… vous verrez… vous…