Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/37

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Enfin, la tentation devint trop forte. Elle y succomba… et son doigt d’albâtre, après avoir délicatement caressé le visage d’or pâle du jeune dieu, s’appuya plus hardiment pendant une seconde sur son front noble et pur…

À cette pression bien légère pourtant, Adrienne sembla ressentir une sorte de choc électrique ; elle frissonna de tout son corps ; ses yeux s’alanguirent, et après avoir un instant nagé dans leur nacre humide et brillante, ils s’élevèrent vers le ciel, et appesantis, se fermèrent à demi… Alors la tête de la jeune fille se renversa quelque peu en arrière ; ses genoux fléchirent insensiblement, ses lèvres vermeilles s’entr’ouvrirent pour laisser échapper son haleine embrasée, car son sein se soulevait avec force comme si la sève de la jeunesse et de la vie eût accéléré les battements de son cœur et fait bouillonner son sang ; bientôt enfin le brûlant visage d’Adrienne trahit malgré elle une sorte d’extase à la fois timide et passionnée, chaste et sensuelle, dont l’expression était on ne peut plus ineffable et touchante.

Ineffable et touchant spectacle, en effet, que celui d’une jeune vierge dont le front pudique rougit au premier feu d’un secret désir… Le Créateur de toutes choses n’anime-t-il pas le corps, ainsi que l’âme, de sa divine étincelle ? Ne