Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/381

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donner d’ombrage ; bientôt l’homme borgne est venu, et lui a remis une lettre cachetée en noir.

« À la vue de cette lettre, Agricol Baudoin a paru si ému, qu’avant même de la lire, on a vu distinctement une larme tomber sur ses moustaches.

« La lettre était fort courte, car le forgeron n’a pas mis dix minutes à la lire ; mais, néanmoins, il en a paru si content, qu’il a bondi de joie sur son banc, et a cordialement serré la main de l’homme borgne ; puis il a paru lui demander instamment quelque chose, que celui-ci refusait. Enfin, il a semblé céder, et tous deux sont sortis du cabaret.

« On les a suivis de loin ; comme hier, l’homme borgne est entré dans la maison signalée rue de Vaugirard. Agricol, après l’avoir accompagné jusqu’à la porte, a longtemps rôdé autour des murs, semblant étudier les localités ; de temps à autre, il écrivait quelques mots sur un carnet.

« Le forgeron s’est ensuite dirigé en toute hâte vers la place de l’Odéon, où il a pris un cabriolet. On l’a imité, on l’a suivi, et il s’est rendu rue d’Anjou, chez mademoiselle de Cardoville.

« Par un heureux hasard, au moment où l’on