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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/387

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santé… la vie… et tout à l’heure encore Rodin entendait parler des funérailles solennelles qu’on allait lui faire…

Eh bien ! la santé, la vie, il les aura, il se le dit. Oui… il a voulu vivre jusque-là… et il a vécu… Pourquoi ne vivrait-il pas plus longtemps encore ?…

Il vivra donc !… il le veut !…

Tout ce que nous venons d’écrire, Rodin, lui, l’avait pensé pour ainsi dire en une seconde.

Il fallait que ses traits, bouleversés par cette espèce de tourmente morale, révélassent quelque chose de bien étrange, car le père d’Aigrigny et le cardinal le regardaient, silencieux et interdits.

Une fois résolu de vivre, afin de soutenir une lutte désespérée contre la famille Rennepont, Rodin agit en conséquence ; aussi, pendant quelques instants, le père d’Aigrigny et le prélat se crurent sous l’obsession d’un rêve.

Par un effort de volonté d’une énergie inouïe et comme s’il eût été mu par un ressort, Rodin se précipita hors de son lit, emportant avec lui un drap qui traînait, comme un suaire, derrière son corps livide et décharné… La chambre était froide ; la sueur inondait le visage du jésuite ; ses pieds nus et osseux laissaient leur moite empreinte sur le carreau.