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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/396

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mes aides et de m’assister dans l’opération que je vais faire ? Avez-vous cette sorte de courage-là ?

— Non, dit le révérend père, à l’armée je n’ai, de ma vie, pu assister à une amputation ; à la vue du sang, ainsi répandu, le cœur me manque.

— Il n’y a pas de sang, dit le docteur Baleinier ; mais, du reste, c’est pis encore… Veuillez donc m’envoyer trois de nos révérends pères ; ils me serviront d’aides ; ayez aussi l’obligeance de prier M. Rousselet de venir avec ses appareils.

Le père d’Aigrigny sortit.

Le prélat s’approcha du docteur Baleinier et lui dit à voix basse en lui montrant Rodin :

— Il est hors de danger ?

— S’il résiste à l’opération, oui, monseigneur.

— Et… êtes-vous sûr qu’il y résiste ?

— À lui je dirais Oui ; à vous, monseigneur, je dis : Il faut l’espérer.

— Et s’il succombe, aura-t-on le temps de lui administrer les sacrements en public avec une certaine pompe, ce qui entraîne toujours quelques petites lenteurs ?

— Il est probable que son agonie durera au moins… un quart d’heure, monseigneur.