rage, maintenant… je réponds de vous. C’est une cure merveilleuse… je la publierai, je la crierai à son de trompe !…
— Permettez, docteur, dit tout bas le père d’Aigrigny en se rapprochant vivement de M. Baleinier ; monseigneur est témoin que j’ai retenu d’avance la publication de ce fait qui passera… comme il le peut véritablement… pour un miracle.
— Eh bien ! ce sera une cure miraculeuse, répondit sèchement le docteur Baleinier qui tenait à ses œuvres.
En entendant dire qu’il était sauvé, Rodin, quoique ses souffrances fussent peut-être les plus vives qu’il eût encore ressenties, car le feu arrivait à la dernière couche de l’épiderme, Rodin fut réellement beau, d’une beauté infernale. À travers la pénible contraction de ses traits éclatait l’orgueil d’un farouche triomphe ; on voyait que ce monstre se sentait redevenir fort et puissant, et qu’il avait conscience des maux terribles que sa funeste résurrection allait causer… Aussi, tout en se tordant sous la fournaise qui le dévorait, il prononça ces mots… les premiers qui sortirent de sa poitrine, de plus en plus libre et dégagée :
— Je le disais… bien… moi, que je vivrais !…