Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/417

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volé… et cela m’a fait honte et peur… Décidément, je ne suis faite ni pour être voleuse, ni pour être pis encore. C’est dommage, ajouta-t-elle en se prenant à sourire d’un air sardonique.

Après un moment de silence, la Mayeux dit à sa sœur avec une expression navrante :

— Céphyse… ma bonne Céphyse… tu veux donc absolument mourir ?

— Comment hésiter ? répondit Céphyse d’une voix ferme. Voyons, sœur, si tu veux, faisons encore une fois mon compte : quand même je pourrais oublier ma honte et le mépris de Jacques mourant, que me reste-t-il ? Deux partis à prendre : le premier, redevenir honnête et travailler. Eh bien ! tu le sais, malgré ma bonne volonté, le travail me manquera souvent, comme il nous manque depuis quelques jours, et quand il ne manquera pas, il me faudra vivre avec quatre ou cinq francs par semaine. Vivre… c’est-à-dire mourir à petit feu à force de privations, je connais ça… j’aime mieux mourir tout d’un coup… L’autre parti serait de continuer, pour vivre, le métier infâme dont j’ai essayé une fois… et je ne veux pas ;… c’est plus fort que moi… Franchement, sœur, entre une affreuse misère, l’infamie ou la mort, le choix peut-il être douteux ? Réponds.