Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/419

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— Oh ! non… non…, dit la Mayeux avec effroi, pas seule… Oh ! je ne veux pas mourir seule.

— Tu le vois donc bien, sœur chérie… nous avons raison de ne pas nous quitter, et pourtant, ajouta Céphyse d’une voix émue, j’ai parfois le cœur brisé quand je songe que tu veux mourir comme moi…

— Égoïste ! dit la Mayeux avec un sourire navrant, quelles raisons ai-je plus que toi d’aimer la vie ? quel vide laisserai-je après moi ?

— Mais toi, sœur, reprit Céphyse, tu es une pauvre martyre… Les prêtres parlent de saintes ! en est-il seulement une qui te vaille ?… Et pourtant, tu veux mourir comme moi… oui, comme moi… qui ai toujours été aussi oisive, aussi insouciante, aussi coupable… que tu as été laborieuse et dévouée à tout ce qui souffrait… Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? c’est vrai, pourtant, cela ! toi… un ange sur la terre, tu vas mourir aussi désespérée que moi… qui suis maintenant aussi dégradée qu’une femme peut l’être, ajouta la malheureuse en baissant les yeux.

— Cela est étrange, reprit la Mayeux pensive. Parties du même point, nous avons suivi des routes opposées… et nous voici arrivées au même but : le dégoût de l’existence… Pour