Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/420

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toi, pauvre sœur, il y a quelques jours encore, si belle, si vaillante, si folle de plaisirs et de jeunesse, la vie est, à cette heure, aussi pesante qu’elle l’est pour moi, triste et chétive créature… Après tout, j’ai accompli jusqu’à la fin ce qui était pour moi un devoir, ajouta la Mayeux avec douceur ; Agricol n’a plus besoin de moi ;… il est marié ;… il aime, il est aimé ;… son bonheur est certain… Mademoiselle de Cardoville n’a rien à désirer. Belle, riche, heureuse, j’ai fait pour elle ce qu’une pauvre créature de ma sorte pouvait faire… Ceux qui ont été bons pour moi sont heureux ;… qu’est-ce que cela fait maintenant que je m’en aille me reposer ?… je suis si lasse !…

— Pauvre sœur, dit Céphyse avec une émotion touchante qui détendit ses traits contractés, quand je songe que, sans m’en prévenir, et malgré ta résolution de ne jamais retourner chez cette généreuse demoiselle, ta protectrice, tu as eu le courage de te traîner, mourante de fatigue et de besoin, jusque chez elle, pour tâcher de l’intéresser à mon sort… oui, mourante… puisque les forces t’ont manqué aux Champs-Élysées.

— Et quand j’ai pu me rendre enfin à l’hôtel de mademoiselle de Cardoville, elle était malheureusement absente !… oh ! bien malheureu-