Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/421

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sement ! répéta la Mayeux en regardant Céphyse avec douleur, car, le lendemain, voyant cette dernière ressource nous manquer… pensant encore plus à moi qu’à toi, voulant à tout prix nous procurer du pain…

La Mayeux ne put achever et cacha son visage dans ses mains en frémissant.

— Eh bien ! j’ai été me vendre comme tant d’autres malheureuses se vendent quand le travail manque ou que le salaire ne suffit pas… et que la faim crie trop fort…, répondit Céphyse d’une voix saccadée ; seulement, au lieu de vivre de ma honte… comme tant d’autres en vivent… moi, j’en meurs…

— Hélas ! cette terrible honte, dont tu mourras, pauvre Céphyse, parce que tu as du cœur… tu ne l’aurais pas connue, si j’avais pu voir mademoiselle de Cardoville, ou si elle avait répondu à la lettre que j’avais demandé la permission de lui écrire chez son concierge ;… mais, son silence me le prouve, elle est justement blessée de mon brusque départ de chez elle… Je le conçois… elle a dû l’attribuer à une noire ingratitude ;… oui… car, pour qu’elle n’ait pas daigné me répondre… il faut qu’elle soit bien blessée… et elle a le droit de l’être… Aussi n’ai-je pas eu le courage d’oser lui écrire une seconde fois ;… cela eût été