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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/44

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— Oui… libre… de vous tourmenter… libre… d’être malheureuse tout à votre aise.

— Allons, allons, mon cher comte, dit Adrienne, voici notre vieille querelle qui se ranime… je trouve en vous l’allié de ma tante… et de l’abbé d’Aigrigny.

— Moi ? oui… à peu près comme les républicains sont les alliés des légitimistes ; ils s’entendent pour se dévorer plus tard… À propos de votre abominable tante, on dit que depuis quelques jours il se tient chez elle une manière de concile qui s’agite fort, véritable émeute mitrée… Votre tante est en bonne voie.

— Pourquoi pas ? Vous l’eussiez vue autrefois ambitionner le rôle de la déesse Raison… Aujourd’hui, nous la verrons peut-être canonisée… N’a-t-elle pas déjà accompli la première partie de la vie de sainte Madeleine ?

— Vous ne direz jamais d’elle autant de mal qu’elle en fait, ma chère enfant. Néanmoins, quoique pour des raisons bien opposées… je pensais comme elle au sujet de votre caprice de vivre seule…

— Je le sais.

— Oui, et par cela même que je désirais vous voir mille fois plus libre encore que vous ne l’êtes… moi, je vous conseillais… tout bonnement…