Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/441

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misère, la reine Bacchanal, d’une constitution aussi robuste que celle de la Mayeux était frêle et délicate, devait ressentir beaucoup moins promptement que sa sœur les effets de l’asphyxie.

Après un instant de silence, Céphyse reprit en posant sa main sur le front de la Mayeux dont elle supportait toujours la tête sur ses genoux :

— Tu ne me dis rien… sœur ;… tu souffres, n’est-ce pas ?

— Non, dit la Mayeux d’une voix affaiblie ; mes paupières sont pesantes comme du plomb… l’engourdissement me gagne… je m’aperçois… que je parle plus lentement… mais je ne sens encore aucune douleur vive… Et toi, sœur ?

— Pendant que tu me parlais j’ai éprouvé un vertige ; maintenant mes tempes battent avec force…

— Comme elles me battaient tout à l’heure ; on croirait que c’est plus douloureux et plus difficile que cela… de mourir…

Puis, après un moment de silence, la Mayeux dit soudain à sa sœur :

— Crois-tu qu’Agricol me regrette beaucoup… et pense longtemps à moi ?

— Peux-tu demander cela ?… dit Céphyse d’un ton de reproche.