Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/449

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plètement rappelée à la vie depuis quelques minutes, et par la salubre fraîcheur de l’air, et par l’activité des sels dont Adrienne portait sur elle un flacon ; heureusement l’évanouissement de la Mayeux avait été causé plus par son émotion et par sa faiblesse que par l’action de l’asphyxie, le gaz délétère du charbon n’ayant pas encore atteint son dernier degré d’intensité lorsque l’infortunée avait perdu connaissance.

Avant de poursuivre le récit de cette scène entre l’ouvrière et la patricienne, quelques mots rétrospectifs sont nécessaires.

Depuis l’étrange aventure du théâtre de la porte Saint-Martin, alors que Djalma, au péril de sa vie, s’était précipité sur la panthère noire sous les yeux de mademoiselle de Cardoville, la jeune fille avait été diversement et profondément affectée.

Oubliant et sa jalousie et son humiliation à la vue de Djalma… de Djalma s’affichant aux yeux de tous avec une femme qui semblait si peu digne de lui, Adrienne, un moment éblouie par l’action à la fois chevaleresque et héroïque du prince, s’était dit :

« Malgré d’odieuses apparences, Djalma m’aime assez pour avoir bravé la mort, afin de ramasser mon bouquet. »