Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/465

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— Vous avez raison, mon enfant, dit tristement Adrienne, si je choisis ce moment presque solennel pour vous faire une bien pénible confidence… c’est que, quand vous m’aurez entendue, vous vous rattacherez, j’en suis sûre, d’autant plus à l’existence, que vous saurez que j’ai un plus grand besoin de votre tendresse… de vos consolations… de votre pitié…

À ces mots, la Mayeux fit un effort pour se relever à demi, s’appuya sur sa couche, et regarda mademoiselle de Cardoville avec stupeur.

Elle ne pouvait croire à ce qu’elle entendait ; loin de songer à forcer ou à surprendre sa confiance, sa protectrice venait, disait-elle, lui faire un aveu pénible et implorer ses consolations, sa pitié… à elle… la Mayeux.

— Comment ! s’écria-t-elle en balbutiant, c’est vous, mademoiselle, qui venez…

— C’est moi qui viens vous dire : « Je souffre… et j’ai honte de ce que je souffre… » Oui…, ajouta la jeune fille avec une expression déchirante, oui… de tous les aveux, je viens vous faire le plus pénible… j’aime !… et je rougis… de mon amour.

— Comme moi…, s’écria involontairement la Mayeux en joignant les mains.

— J’aime…, reprit Adrienne avec une explo-