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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/466

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sion de douleur longtemps soutenue ; oui, j’aime… et on ne m’aime pas… et mon amour est misérable, est impossible ;… il me dévore… il me tue… et je n’ose confier à personne… ce fatal secret…

— Comme moi…, répéta la Mayeux, le regard fixe. Elle… reine… par la beauté, par le rang, par la richesse, par l’esprit… elle souffre comme moi, reprit-elle. Et comme moi, pauvre malheureuse créature… elle aime… et on ne l’aime pas…

— Eh bien !… oui… comme vous… j’aime… et l’on ne m’aime pas, s’écria mademoiselle de Cardoville ; avais-je donc tort de vous dire qu’à vous seule je pouvais me confier… parce qu’ayant souffert des mêmes maux, vous seule pouviez y compatir ?

— Ainsi… mademoiselle, dit la Mayeux en baissant les yeux et revenant de sa profonde surprise, vous saviez…

— Je savais tout, pauvre enfant ;… mais jamais je ne vous aurais parlé de votre secret, si moi-même… je n’avais pas eu à vous en confier un plus pénible encore ;… le vôtre est cruel, le mien est humiliant… Oh ! ma sœur, vous le voyez, ajouta mademoiselle Cardoville avec un accent impossible à rendre, le malheur efface, rapproche, confond ce que l’on appelle…