Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/469

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— Rougir ! mon Dieu ! toujours cette crainte ? Est-il, au contraire, quelque chose de plus touchant, de plus héroïquement dévoué que votre amour ? Vous, rougir ! Et pourquoi ? Est-ce d’avoir montré la plus sainte affection pour le loyal artisan que vous avez appris à aimer depuis votre enfance ? Rougir ! est d’avoir été pour sa mère la fille la plus tendre ? Rougir ! est-ce d’avoir enduré, sans jamais vous plaindre, pauvre petite, mille souffrances, d’autant plus poignantes que les personnes qui vous les faisaient subir n’avaient pas conscience du mal qu’ils vous faisaient ? Pensait-on à vous blesser, lorsqu’au lieu de vous donner votre modeste nom de Madeleine, disiez-vous, on vous donnait toujours, sans y songer, un surnom ridicule et injurieux ? Et pourtant pour vous, que d’humiliations, que de chagrins dévorés en secret !…

— Hélas ! mademoiselle, qui a pu vous dire ?

— Ce que vous n’aviez confié qu’à votre journal, n’est-ce pas ? Eh bien ! sachez donc tout… Florine, mourante, m’a avoué ses méfaits. Elle avait eu l’indignité de vous dérober ces papiers, forcée d’ailleurs à cet acte odieux par les gens qui la dominaient… mais ce journal, elle l’avait lu… Et comme tout bon sentiment n’était pas éteint en elle, cette lec-