Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/470

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ture où se révélaient votre admirable résignation, votre triste et pieux amour, cette lecture l’avait si profondément frappée qu’à son lit de mort elle a pu m’en citer quelques passages, m’expliquant ainsi la cause de votre disparition subite, car elle ne doutait pas que la crainte de voir divulguer votre amour pour M. Agricol n’eût causé votre fuite.

— Hélas ! il n’est que trop vrai, mademoiselle.

— Oh ! oui, reprit amèrement Adrienne, ceux qui faisaient agir cette malheureuse savaient bien où portait le coup… Ils ne sont pas à leur essai ;… ils vous réduisaient au désespoir ;… ils vous tuaient… Mais, aussi… pourquoi m’étiez-vous si dévouée ? pourquoi les aviez-vous devinés ? Oh ! ces robes noires sont implacables, et leur puissance est grande, dit Adrienne en frissonnant.

— Cela épouvante, mademoiselle.

— Rassurez-vous, chère enfant ; vous le voyez, les armes des méchants tournent souvent contre eux, car, du moment où j’ai su la cause de votre fuite, vous m’êtes devenue plus chère encore. Dès lors j’ai fait tout au monde pour vous retrouver ; enfin, après de longues démarches, ce matin seulement, la personne que j’avais chargée du soin de découvrir votre retraite est parvenue à savoir que vous habi-