Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/484

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ce qui est environné de mystères ? Et puis elle se rassurait ; malgré elle, un secret pressentiment lui disait que ce serait peut-être au chevet de la pauvre ouvrière qu’elle venait d’arracher à la mort, que, par un hasard providentiel, elle apprendrait une révélation d’où dépendait le bonheur de sa vie.

Les émotions dont était agité le cœur d’Adrienne devenaient si vives, que son beau visage se colora d’un rose vif, son sein battit violemment, et ses grands yeux noirs, jusqu’alors tristement voilés, brillèrent doux et radieux à la fois ; elle attendait avec une impatience inexprimable. Dans l’entretien dont Rose-Pompon l’avait menacée, dans cette conversation, que, quelques instants auparavant, Adrienne eût repoussée de toute la hauteur de sa fière et légitime indignation, elle espérait trouver enfin l’explication d’un mystère qu’il lui était si important de pénétrer.

Rose-Pompon, après avoir encore tendrement embrassé la Mayeux, se releva, et se retournant vers Adrienne qu’elle toisa d’un air des plus dégagés, lui dit d’un petit ton impertinent :

— À nous deux, maintenant, madame (le mot madame toujours prononcé avec l’expression que l’on sait), nous avons quelque chose à débrouiller ensemble.