Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/49

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— Géographique ? dit mademoiselle de Cardoville en interrompant M. de Montbron ; vous trouvez cette passion peut-être un peu sérieuse pour mon âge… mon cher comte ; mais il faut bien occuper ses loisirs… et puis enfin, ayant pour cousin un Indien quelque peu prince, il m’a pris envie d’avoir une idée du fortuné pays… d’où m’est arrivée cette sauvage parenté.

Ces derniers mots furent prononcés avec une amertume dont M. de Montbron fut frappé ; aussi observant attentivement Adrienne, il reprit :

— Il me semble que vous parlez du prince… avec un peu d’aigreur.

— Non… j’en parle avec indifférence…

— Il mériterait pourtant… un sentiment tout autre…

— D’une toute autre personne peut-être, répondit sèchement Adrienne.

— Il est si malheureux !… dit M. de Montbron d’un ton sincèrement pénétré. Il y a deux jours encore, je l’ai vu… il m’a déchiré le cœur.

— Et que me font, à moi… ces déchirements ? s’écria Adrienne avec une impatience douloureuse, presque courroucée.

— Je désirerais que de si cruels tourments vous fissent au moins pitié…, répondit gravement le comte.