Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/498

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pays, je m’ennuie toute seule, ça m’a l’air drôle, qu’est-ce que je risque ?… » Oh ! non, je ne savais pas ce que je risquais, ajouta Rose-Pompon en soupirant. Enfin, Nini-Moulin m’emmène dans une jolie voiture ; nous nous arrêtons sur la place du Palais-Royal ; un homme à l’air sournois et au teint jaune monte avec moi à la place de Nini-Moulin, et me conduit chez le Prince Charmant, où l’on m’établit. Quand je l’ai vu… dame ! il est si beau, mais si beau, que j’en suis d’abord restée tout éblouie ; avec ça l’air si doux, si bon… Aussi, je me suis dit tout de suite : « C’est pour le coup que ça serait joliment bien à moi de rester sage… » Je ne croyais pas si bien dire… Je suis restée sage… hélas ! plus que sage…

— Comment, mademoiselle ? vous regrettez de vous être montrée si vertueuse ?…

— Tiens… je regrette de n’avoir pas eu au moins l’agrément de refuser quelque chose… Mais refusez donc quand on ne vous demande rien ;… mais rien de rien ; quand on vous méprise assez pour ne pas vous dire un pauvre petit mot d’amour.

— Mais, mademoiselle… permettez-moi de vous faire observer que l’indifférence qu’on vous a témoignée ne vous a pas empêchée de