Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/497

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suis pas exigeante, moi ; mais pas seulement ça !… (Et Rose-Pompon mordit l’ongle rose de son pouce.) Ah ! quand Nini-Moulin est venu me chercher ici, en m’apportant des bijoux et des dentelles pour me décider à le suivre, il avait raison de me dire qu’il ne m’exposerait à rien… que de très-honnête…

— Nini-Moulin ? demanda mademoiselle de Cardoville de plus en plus intéressée, qu’est-ce que Nini-Moulin, mademoiselle ?

— Un écrivain religieux, répondit Rose-Pompon d’un ton boudeur, l’âme damnée d’un tas de vieux sacristains dont il empoche l’argent, soi-disant pour écrire sur la morale et sur la religion… Elle est gentille, sa morale !

À ces mots d’écrivain religieux, de sacristains, Adrienne se vit sur la voie d’une nouvelle trame de Rodin ou du père d’Aigrigny, trame dont elle et Djalma avaient encore failli être les victimes ; elle commença d’entrevoir vaguement la vérité et reprit :

— Mais, mademoiselle, sous quel prétexte cet homme vous a-t-il emmenée d’ici ?

— Il est venu me chercher en me disant qu’il n’y avait rien à craindre pour ma vertu, qu’il ne s’agissait que de me faire bien gentille ; alors moi je me suis dit : « Philémon est à son