Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/51

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prince, tout me le dit… tout me le prouve… vous aimez…

Mademoiselle de Cardoville, blessée de la façon dont le comte parlait du sentiment qu’il lui supposait, reprit avec une dignité hautaine :

— Vous devez savoir, M. de Montbron, qu’un secret surpris… n’est pas une confidence, et votre langage m’étonne…

— Eh ! ma chère amie, si j’use du triste privilège de l’expérience… si je devine, si je vous dis que vous aimez… si je vais même presque jusqu’à vous reprocher cet amour… c’est qu’il s’agit pour ainsi dire de la vie ou de la mort de ce pauvre jeune prince, qui, vous le savez, m’intéresse maintenant autant que s’il était mon fils, car il est impossible de le connaître sans lui porter le plus tendre intérêt !

— Il serait singulier, reprit Adrienne avec un redoublement de froideur et d’ironie amère, que mon amour… en admettant que j’eusse un amour dans le cœur… eût une si étrange influence sur le prince Djalma… Que lui importe que j’aime ? ajouta-t-elle avec un dédain presque douloureux.

— Que lui importe ! Mais en vérité, ma chère amie, permettez-moi de vous le dire, c’est vous qui plaisantez cruellement… Comment !… ce