Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/535

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une crise providentielle l’a sauvé… et il est doué d’une volonté si énergique, que sa guérison sera très-rapide.

— Le reverrez-vous demain, monseigneur ?

— Oui, avant mon départ, pour lui faire mes adieux.

— Alors, dites-lui ceci, qui est étrange, et dont je n’ai pu l’instruire, car cela s’est passé hier.

— Parlez.

— J’étais allé au jardin des morts… partout des funérailles, des torches enflammées au milieu de la nuit noire… éclairant des tombes… Bohwanie souriait dans son ciel d’ébène. En songeant à cette sainte divinité du néant, je regardais avec joie vider une voiture remplie de cercueils. La fosse immense béait comme une bouche de l’enfer ;… on lui jetait… morts sur morts ; elle béait toujours. Tout à coup je vois à côté de moi, à la lueur d’une torche, un vieillard ;… il pleurait ;… ce vieillard… je l’avais déjà vu ;… c’est un juif ;… il est gardien de cette maison… de la… rue Saint-François… que vous savez…

Et l’homme au manteau tressaillit et s’arrêta.

— Oui… je sais… mais qu’avez-vous… à vous interrompre ainsi ?