Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/549

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son coude sur son genou, il attacha sur Faringhea un regard profond, mais d’une douceur tellement ineffable, tellement pénétrante, que Faringhea, cette âme de fer, se sentit un instant troublé par un léger remords.

— Je disais, monseigneur, reprit-il, qu’en suivant les conseils de votre esclave,… qui vous engageait à feindre un amour passionné pour une autre femme, vous avez amené mademoiselle de Cardoville, si fière, si orgueilleuse, à venir à vous… Ne vous l’avais-je pas prédit ?

— Oui,… tu l’avais prédit, répondit Djalma, toujours accoudé, toujours examinant le métis avec la même attention, avec la même expression de suave bonté.

La surprise de Faringhea augmentait ; ordinairement le prince, sans le traiter avec dureté, conservant du moins avec lui les traditions quelque peu hautaines et impérieuses de leur pays commun, ne lui avait jamais parlé avec cette douceur. Sachant tout le mal qu’il avait fait au prince, défiant comme tous les méchants, le métis crut un moment que la bienveillance de son maître cachait un piége ; aussi continua-t-il avec moins d’assurance :

— Croyez-moi, monseigneur, ce jour, si vous savez profiter de vos avantages, ce jour vous