Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/554

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ture, que tu es impitoyable dans ta haine, et que la vue d’un bonheur comme le mien ne te désarme pas ?… Vrai… en t’écoutant tout à l’heure, j’éprouvais pour toi une commisération sincère, en voyant la triste persévérance de ta haine.

— Monseigneur, je ne sais… mais…

Et le métis, balbutiant, ne trouvait pas une parole à répondre.

— Voyons, quel mal t’ai-je fait ?

— Mais… aucun, monseigneur ! répondit le métis.

— Alors pourquoi me haïr ainsi ? pourquoi me vouloir du mal avec tant d’acharnement ?… N’était-ce pas assez de me donner le perfide conseil de feindre un honteux amour pour cette jeune fille que tu as amenée ici… et qui, lasse du misérable rôle qu’elle jouait près de moi, a quitté cette maison ?

— Votre feint amour pour cette jeune fille… monseigneur, reprit Faringhea en reprenant peu à peu son sang-froid, a vaincu la froideur de…

— Ne dis pas cela, reprit le prince avec la même douceur en l’interrompant ; si je jouis de cette félicité qui me rend compatissant envers toi, qui m’élève au-dessus de moi-même, c’est que mademoiselle de Cardoville sait main-