Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/553

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commisération, dit au métis, de sa voix douce et sonore :

— Pourquoi me trahir ainsi ? pourquoi me conseiller ainsi méchamment d’employer la violence, la terreur, la surprise… envers un ange de pureté… que je respecte comme ma mère ? N’est-ce donc pas assez pour toi de t’être dévoué à mes ennemis, à ceux qui m’ont poursuivi jusqu’à Java ?

Djalma, l’œil sanglant, le front terrible, le poignard levé, se fût précipité sur le métis, que celui-ci eût été moins surpris, peut-être moins effrayé qu’en entendant Djalma lui parler de sa trahison avec cet accent de doux reproche.

Faringhea recula vivement d’un pas, comme s’il eût cherché à se mettre en défense.

Djalma reprit avec la même mansuétude :

— Ne crains rien ;… hier, je t’aurais tué… je te l’assure ;… mais aujourd’hui, l’amour heureux me rend équitable et clément ; j’ai pour toi de la pitié sans fiel ; je te plains, tu dois avoir été bien malheureux… pour être devenu si méchant.

— Moi, monseigneur ! dit le métis avec une stupeur croissante.

— Mais tu as donc bien souffert, on a donc bien été impitoyable envers toi, pauvre créa-